Bataville est une ville créée ex nihilo, en Lorraine, au pays des étangs, par Thomas Bata, entrepreneur tchèque, en 1931. La France constituait en effet une zone intéressante de débouchés commerciaux pour cette entreprise multinationale.
Le fils d’un ouvrier ayant grandi là raconte l’ambiance de l’époque, dans les années 1970. On voit les ouvriers courir à 16h30 pour attraper leur bus ou se ruer vers la cantine à midi.
Dans les ateliers, la tension nerveuse liée au respect des ordres et du fonctionnement hiérarchique est essentielle à la productivité.
Thomas Bata se veut un bienfaiteur de l’humanité. Son objectif: chausser le monde entier! Stratège, il profite du port sur le canal de la Marne au Rhin, pour tout apporter sur place, dont les briques qui permettront d’installer une briqueterie sur place.
La main d’œuvre qu’il recrute est rurale, pas structurée syndicalement et sans possibilité de s’enfuir pour un autre destin, car il n’y a
La santé par l’hygiène de vie rend les ouvriers fiers et robustes, mais ils restent dociles, car leurs conditions de vie sont enviables. Ils profitent du stade et de l’école de formation.
Les maisons de la cité abritent toutes une salle de bains avec baignoire sabot. La piscine municipale, non loin, rafraichit les corps et les esprits en été.
Lors des fêtes, qui réunissent jusqu’à 2000 personnes, l’alcool est offert à volonté, gratuitement.
De manière générale, rien n’est dit mais tout se sait dans cette communauté.
Le neveu de Thomas Bata l’a remplacé jusqu’il y a une quinzaine d’années. Aujourd’hui, la ville est en friche. Les rails menant à la petite gare ont été envahis de ronces. Le site est classé Patrimoine du XXème siècle et le bâtiment de l’administration Monument historique. Quelques associations se sont installées sur le site, mais l’impression dominante est celle d’un abandon. A l’occasion d’un passage dans le coin, ne pas oublier de sillonner la cité, modèle à son époque, très verte et calme, de briques et de verre constituée.
Pour aller plus loin, regarder sur Arte, le documentaire de François Caillat