
Patrick Bailly-Maître-Grand
Patrick Bailly Maître-Grand, photographe internationalement acheté et présenté par des grandes institutions, bénéficie actuellement d’une exposition conjointe avec Joël-Peter Witkin, à la galerie Baudoin-Lebon, à Paris.
Très accueillant dans son atelier strasbourgeois, il se replonge dans son histoire et raconte comment ses études de physique, assez poussées, après le baccalauréat, ont influencé son besoin de rationalité et de calculs.

Patrick Bailly Maître-Grand
Son parcours de photographe l’a mené vers toujours plus d’expérimentations. Et d’ailleurs, la conversation virevolte en permanence sur ces questions techniques, comme préludes ou guides à la pensée et à l’action de photographier.
L’argentique, une prédilection de toujours
Sa méthode préférée, voire exclusive, réside dans les tirages en argentique. Mais il manifeste une grande curiosité pour toutes les techniques en « type ». Il fait le choix de la plus adaptée à l’image qu’il souhaite, contrairement au choix contraint du seul papier pour la photographie en numérique. Le ferrotype, par exemple, donne une couleur « peau », donc il ne la choisira pas lorsqu’il s’agira de travailler l’architecture ! Le daguerréotype se prête volontiers aux photographies ayant trait à la mort ou à la surface de la Lune. Le monotype direct lui semble le plus intéressant. Il l’a utilisé pour rendre l’image de la chemise blanche sur fond noir, en hommage à la chemise de Maximilien d’Autriche, fusillé. La définition est très bonne car il n’y a pas de grain.

Patrick Bailly Maître-Grand, Les guenilles, 1997

Patrick Bailly Maître-Grand, Faire-Part, 2009
L’argentique laisse une empreinte et lui permet de faire venir l’image d’une autre façon. Il utilise dans sa boîte à outils des techniques anciennes mais qui demeurent actuelles d’une certaine manière. Il s’efforce de revoir tous les outils disponibles en dehors du jet d’encre optique.
Le souci de la transmission
Ainsi il travaille avec la trace de la lumière sur le papier avec les élèves. Il aime à transmettre et prend des étudiants en photographie en résidence si leur motivation rejoint une recherche sur les procédés. Le numérique permet certes de bricoler avec aisance sur Photoshop ce que lui-même réalisait en réel, pendant de longues heures et grâce à de multiples artifices. Mais le savoir-faire technique se perd. L’artiste évoque les peintres d’avant l’avènement de la photographie. Le dilemme est le même: les photographes argentiques sont-ils les dinosaures de notre temps? Mais la peinture est restée un art majeur. Selon lui, l’époque verse dans le culte de l’image, à distinguer de la photographie.

Patrick Bailly Maître-Grand
Amateur de « bricolage », il introduit la technologie pour rendre compte de la complexité des objets. Parmi ses fiertés, un hommage à Cy Twombly: des photographies de la ville à travers les fenêtres d’un restaurant. Ce tryptique , intitulé City Twombly, date de 2011, mais paraît intemporel et poétique.

Patrick Bailly Maître-Grand, City Twombly, 2011
Le bon outil pour faire vivre l’idée
Son objectif tout au long du processus demeure l’envie de faire aboutir l’idée à laquelle il a pensé. Il sait à à quoi il veut arriver. Il va donc chercher les outils qui lui permettront d’y parvenir. Parfois, ce qui arrive ne correspond pas à ce à quoi il avait imaginé. Mais le résultat l’enchante car il débouche sur d’autres sensations. Voire d’autres expériences à venir…

Patrick Bailly Maître-Grand, Fourmis, 2002
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