Le Magnifique, Jean-Paul Belmondo

Lorsque Philippe de Broca réalise Le Magnifique, en 1973, il se lance dans un film populaire, à grand spectacle, avec des acteurs connus, dont Jean-Paul Belmondo dans le rôle titre et Jacqueline Bisset notamment. Ce pastiche de James Bond pourrait évoquer aux spectateurs d’aujourd’hui la série des OSS117, plus récente et beaucoup plus drôle.

Cependant le film présente des atouts incontestables, justifiant sa notoriété. L’effet de surprise initial, lorsque les aventures du héros se révèlent être entièrement imaginées par l’écrivain de série noire, perdure tout au long du film. Ces allers-et-retours entre la vie médiocre de l’écrivain et les succès extraordinaires du héros de roman créent un décalage sympathique et enthousiasmant.

 

La vraie vie alimente l’écriture

Les problèmes de plomberie ou d’électricité de l’écrivain, ses fantasmes concernant la jolie voisine d’immeuble ou les mesquineries courtisanes de son éditeur contribuent à alimenter la machine à écrire en anecdotes et péripéties. La vie ordinaire, tangible, se mue en une vie rêvée, de gentleman sportif et téméraire, d’espion au service de son pays. Qui ne s’est jamais rêvé un destin hors normes?

Un héros imparfait et sympathique

La sympathie du spectateur est acquise rapidement. Si la nonchalance bonhomme du héros, sa galanterie n’ont d’égales que son machisme d’un autre temps, chacun des personnages se voit dénoncé dans ses travers comme le grand public se l’imagine. L’éditeur profite de la crédulité et de la dépendance de ses auteurs, le ministre sacrifie des agents pour une bonne cause, l’espionne ravissante court après l’argent et le confort égoïste etc. Les acteurs du film bénéficient tous de caractéristiques outrancières, qui permettent au spectateur de les identifier, et de se projeter facilement dans ses héros préférés.

Les rebondissements de la vie actuelle et un peu misérable de l’artiste trouvent leur prolongement dans cette vie inventée. Et, mis à part le grotesque du trait, le transfert des difficultés dans l’écriture témoigne de la puissance de celle-ci.  D’ailleurs la collection à succès créée par le héros atteste de l’économie florissante de ce type d’ouvrages. On pense à la série des San Antonio de Frédéric Dard.

L’écriture comme évasion et destin

Cependant, contrairement à l’auteur de polars bien connu, l’écrivain parisien du film vit dans des conditions précaires. Heureusement, l’écriture, passion envahissante, le délivre du monde réel et lui permet de se venger ou de s’épanouir dans un destin fantastique et joyeux avant tout. Le contraste entre l’appartement parisien haussmannien défraichi et les plages mexicaines paradisiaques séduit instantanément. Il inciterait presque chacun à s’atteler à poser par écrit ses envies de vie héroïque.

Un encouragement à explorer sa vie intérieure

Dans cette période d’anxiété forte, d’enfermement dans des limites géographiques bornées (les dix kilomètres autour de chez soi pour se promener ou les trente kilomètres pour les courses), l’écriture peut apparaître, pour qui en éprouve l’envie, une solution d’évasion merveilleuse. Elle peut stimuler la vie intérieure, lui donner une forme, l’extérioriser pour dédramatiser la situation ou l’enjoliver.

A minima, un film comme Le Magnifique détend, emmène ailleurs et procure un bien-être immédiat, salutaire et accessible! Je recommande!

PS: Et vous, quel film vous a allégé le quotidien récemment? N’hésitez pas à l’indiquer en commentaire…