Une série accrocheuse et féministe
Le terme « puissante » est devenu une tarte à la crème lorsqu’il est accolé à « femme ». Et pourtant, dans ce cas de figure, Birgitte Nyborg, l’actrice principale de la série Borgen, nous paraît entrer, de manière très juste, dans cette catégorie. Et cette femme politique, qui d’élue d’opposition centriste devient Prmier Ministre du Danemark en quelques épisodes haletants, interpelle également hommes et femmes spectateurs.
En effet, cette héroïne, bien que presque « comme tout le monde », parvient à se hisser au plus haut sommet de l’Etat danois grâce à son travail, sa capacité à bien s’entourer, sa clairvoyance et son sens de la psychologie.
Des thèmes variés pour chaque épisode
Après la préparation de la campagne, les tractations politiques avec les divers partis alliés ou ennemis, historiques ou de circonstances, chaque épisode présente un cas de gestion de crise des affaires courantes, tant sur le plan de la politique intérieure que celui des affaires étrangères, particulièrement importantes pour ce petit pays tiraillé entre les grandes puissances.
La famille la soutient, puis devient une victime collatérale de son aventure au Château de Christiansborg, nom du siège du Gouvernement. La manière dont elle gère l’articulation entre sa vie personnelle et sa vie professionnelle trace des pistes inspirantes pour toutes les managers (créneaux bloqués et non disponibles pour le ministère notamment ) et parfois, juste suffisamment, nous fait soupirer d’aise quant à notre condition plus humble et donc moins exposée à la voracité des tabloïds.
Un caractère qui s’affirme
Peu à peu elle s’endurcit, grâce aux trahisons de certains collaborateurs ou partenaires, et s’ouvre aux suggestions des plus fidèles, allant jusqu’à reconstruire certains préjugés ou d’anciennes certitudes. Développant une aptitude à l’adaptation permanente, elle accroît son exigence en même temps que ses responsabilités et sa notoriété.
Comment rester à l’écoute de son entourage dans un contexte anxiogène et sans visibilité? Comment concilier attentes de présence des enfants et emploi du temps chronophage? Comment ne pas exposer ses proches dès lors qu’on est une personne publique? Comment défendre des idées humanistes face à des partenaires plus puissants? Comment ne pas devenir obsessionnel du travail lorsque celui-ci engage votre avenir à court, moyen et long terme?
Birgitte tâtonne: elle se fâche avec des amis, son époux, ses enfants; elle mincit trop; ou elle grossit de manière non contrôlée; elle est amenée à prendre des décisions radicales et surprenantes pour tous, dont ses fidèles; elle doit « avaler » des décisions avec lesquelles elle est en désaccord profond; elle s’oblige à maintenir un cap, y compris quand son équipe se réduit à peu de chagrin; elle se décide aussi à tout abandonner lorsque le sens de sa vie personnelle s’effondre…Bref, elle nous présente une trajectoire singulière, celle d’une quadragénaire dynamique et sympathique, bonne vivante à la tête froide, proche de nous et vigoureusement différente.
Cette épopée féministe, rarement racontée en politique-fiction, séduit par ses personnages tout en nuances, attachants et la pluralité des points de vue exprimés: des media à la politique, en tenant compte de la complexité des enjeux de chacun, des évolutions des courants et de la société, de la position des femmes et des difficultés spécifiques auxquelles elles se confrontent.
A voir et revoir sans modération!