David Mackenzie a réalisé en 2011 Perfect sense, une histoire d’amour entre une épidémiologiste brillante et un chef talentueux, en Angleterre. Le film est rediffusé sur Arte, à juste titre. Explications…
Les deux héros, échaudés par des histoires d’amour récentes difficiles, désespèrent de trouver l’âme soeur. Et pourtant leur rencontre va y contribuer, notamment en les aider à surmonter, plus ou moins bien, l’angoisse montante liée à une pandémie mondiale et mystérieuse.
Une vision globale de l’état du monde
Le film présente des répétitions trop nombreuses sur l’état du monde et la vie des habitants de tous les pays. De même, à mesure que la pandémie se répand, sans que les scientifiques puissent en déterminer la cause, les visions catastrophistes des comportements des individus, partout sur la planète, pèsent dans la fluidité du récit.
Des ressemblances étranges avec la pandémie actuelle
Cependant, les symptômes présentés, dont la perte de l’odorat et du goût, qui poussent les restaurants et bars à fermer ou à s’adapter aux sensations encore perceptibles (le croustillant, le moëlleux, l’onctueux, le spongieux, l’épicé, le glacé, le brûlant, le craquant, le mousseux etc.) évoquent la Covid-19. Le scénario privilégie une vision progressivement totale de l’attaque des cinq sens et suggère à chaque fois des signes avant-coureur repérables.
Le couple et ses proches, famille ou collègues, tente de résister, de comprendre, de se sauver par l’amour ou l’amitié. La résilience des populations paraît enviable. Il se dégage du film un air de ressemblance avec notre époque, dans une approche plus pessimiste. Paradoxalement, les comportements de panique, la dépression, la colère ou l’hystérie qui frappent tour à tour les protagonistes, rassurent le spectateur. Les réactions des individus varient selon les moments, le contexte social, l’environnement dans lequel ils éprouvent la maladie. Comme nous pouvons également nous réjouir de l’arrivée d’un vaccin mais rager de la fermeture des lieux culturels.
Mais un contexte plus favorable aujourd’hui
Cependant, si le film contient une grande part de vision prophétique par rapport à la pandémie actuelle, la réalité que nous vivons paraît autrement plus complexe. Les scientifiques avancent dans leurs recherches de vaccins et partagent avec les populations un certain nombre de réflexions sur les paramètres de la maladie. La dimension politique, si contestable puisse-t-elle paraître parfois, témoigne de la prise en compte publique de la situation. Et, heureusement, nous n’en sommes pas à la fin du monde, comme le film semble le suggérer.
La recherche de l’équilibre
Aussi, pour conclure, avancerai-je l’idée qu’en période de pandémie, deux comportements contradictoires nous guident, hier comme aujourd’hui: l’urgence de se protéger et de s’isoler, et, a contrario, le besoin irrépressible de l’autre, pour ne pas faire face seul à l’impensable. Chercher l’équilibre entre ces deux pôles constitue, encore et toujours, le moteur d’une vie.